Tim Cook, CEO d’Apple, était le premier invité de la conférence D10 organisée par le site AllThingD. L’occasion pour le successeur de feu Steve Jobs de passer en revue les sujets qui ont fait l’actualité de ces derniers mois, sans toutefois faire des déclarations fracassantes. Passage en revue des points qui ont été abordés.

Mort de Steve Jobs : “L’un des jours les plus tristes de ma vie”.
En guise d’introduction de son interview, Tim Cook, CEO d’Apple, n’a pas évidemment pas échappé à la question sur Steve Jobs. Walt Mossberg lui a demandé ce qu’il a appris du co-fondateur d’Apple et ce qui diffère désormais avec sa manière de gérer “la maison” depuis son entrée en fonction, en août 2011. D’emblée, Cook a rappelé que la mort de Steve Jobs avait été l’un des jours les plus tristes de sa vie mais au vu de sa fonction de dirigeant, le deuil a dû toutefois être rapide. “À un moment donné l’an dernier, quelqu’un m’a secoué et m’a dit “Il faut y aller”, a-t-il indiqué. Et de poursuivre en expliquant que son prédécesseur lui avait appris à pouvoir se concentrer à la fois sur les produits, et sur sa vie personnelle, “Le plaisir est dans le voyage” est une leçon apprise de Jobs, ainsi que “La vie est fragile, demain n’est pas garanti, alors il faut tout donner au jour d’aujourd’hui.”
Cook explique qu’à l’époque, lorsqu’il discutait de son futur éventuel poste de CEO avec Steve Jobs, ce dernier lui avait donné l’instruction de ne pas trop se demander ce que lui aurait fait à leur place. Une instruction également adressée au reste de l’équipe dirigeante. Toutefois, Cook a tenu à rassurer en indiquant qu’il n’a pas été nommé CEO pour changer quoi que ce soit à la culture d’entreprise si spécifique d’Apple. Même s’il est à noter que depuis son arrivée au poste de CEO, quelques changements ont déjà eu lieu (versement de dividendes aux actionnaires et primes des employés désormais doublées).
Et d’évoquer également la façon de travailler de Jobs qui n’hésitait pas parfois à changer d’avis à 180 degrés concernant des projets. “Il avait cet art”, explique Cook, “Il n’avait jamais peur de dire qu’il avait eu tort”.
Ancien salarié de chez IBM durant près de 12 ans, puis de Compaq durant six mois en tant que vice-président chargé de la production et de l’approvisionnement, Cook a également rappelé la façon dont il avait été recruté par Apple en 1998. Il ne lui a pas fallu cinq minutes pour convaincre à embarquer sur “le navire” de Cupertino et ce, grâce à trois éléments : la vision de Steve Jobs, la stratégie pour cibler le marché grand public et enfin, le désir de Steve Jobs de proposer “le meilleur” sans pour autant viser à s’enrichir personnellement. Un trait de caractère que Tim Cook a toujours admiré. Et de conclure que la loyauté des utilisateurs des produits Apple avait été également un élément déterminant à franchir le pas.
Tim Cook veut doubler la politique du secret d’Apple.

Rien ne filtre chez Apple ou presque (on se souvient de l’épisode de la fuite d’un prototype d’iPhone 4 égaré par un employé d’Apple, dans un bar en Californie). Rappelons que des procédures draconiennes seraient également mises en place pour que les employés fraichement recrutés ne puissent pas avoir directement accès aux futurs projets de produits qui seront commercialisés. Ces derniers passeraient tout d’abord par une étape qui consiste à les tester, en travaillant notamment sur des projets de produits qui n’ont aucune chance de pouvoir aboutir. Malgré toutes ces dispositions, Tim Cook a l’intention de renforcer davantage la politique du secret d’Apple. “Nous allons doubler la sécurité (…) Et je suis très sérieux là-dessus”, a-t-il expliqué. Une déclaration qui tombe mal puisque le design du nouvel iPhone – où du moins, un de ces prototypes – pourrait déjà avoir été dévoilé.
Les conditions de travail chez les sous-traitants.
On se souvient que les conditions de travail chez les sous-traitant d’Apple, notamment chez Foxconn, situé à Shenzhen (sud de la Chine), ont été à maintes reprises mise en avant. Conditions de travail difficiles, heures supplémentaires abusives, travail effectué par un personnel beaucoup trop jeune, des éléments qui ont une nouvelle fois été mis sur le devant de la scène en janvier par un journaliste du New York Times. Des révélations qui avaient poussé Apple à réagir rapidement et à demander à une commission de travail (Fair Labor) d’auditer les sites de productions de ses sous-traitants et ce dans un but de se montrer le plus transparent possible. Un sujet qui a bien été évoqué lors de cet interview. En effet, Tim Cook a indiqué qu’Apple poursuit ses efforts pour améliorer les conditions de travail des employés de ses sous-traitants. Les heures supplémentaires abusives sont clairement dans le collimateur de Tim Cook, qui indique toutefois qu’il s’agit d’un sujet « difficile parce que complexe. Des gens veulent une tonne de travail, déménager à l’usine et travailler de longues heures, puis retourner chez eux ». La poursuite des efforts d’Apple à ce sujet est un domaine dont Tim Cook est fier et espère inspirer la concurrence. “Nous pensons que la transparence est importante. Si nous le sommes [transparent], nous pensons que les autres vont copier ce que nous faisons”.
Apple TV : un succès au rendez-vous.

Dans un but d’introduire la rumeur au sujet de l’hypothétique futur téléviseur d’Apple, Walt Mossberg a demandé si la nouvelle version du boitier numérique Apple TV rencontrait du succès. Tim Cook a indiqué qu’Apple avait écoulé jusqu’à présent 2,7 millions d’Apple TV 1080p en 2012. Un chiffre relativement impressionnant lorsque l’on considère que l’ancienne génération du produit n’a récolté “que” 2,8 millions de ventes l’an dernier. “Des ventes incroyables et au-delà de toutes attentes”, s’est réjoui Cook, tout en indiquant qu’Apple avait toujours bel et bien des projets pour ce marché “Nous allons continuer de tirer sur la ficelle et voir jusqu’où cela va nous emmener”. Interrogé d’emblée au sujet d’un téléviseur Apple, rumeur qui enflamme la toile depuis des mois, Cook s’est montré toutefois plus prudent tout en concédant que “la télévision est importante dans la vie de beaucoup de personnes mais elles n’en étaient pas forcément ravies”. Une déclaration où l’on sent qu’Apple pourrait y avoir tout son rôle à jouer…
iPhone 4S: le “S” dédié à Siri.
Alors que tout le monde pouvait croire que la lettre “S” du nom “iPhone 4S” était dédié logiquement (à l’instar de l’iPhone 3GS, en son temps) au gain de vitesse obtenu grâce à son processeur A5 dual-core intégré dans la dernière version du smartphone, Cook a expliqué qu’il s’agissait d’un clin d’œil à la nouvelle fonctionnalité Siri intégrée. On se demande alors pourquoi le nouvel iPad n’a pas été baptisé logiquement iPad 2S même s’il est équipé de la fonctionnalité en partie bridée…
Siri : de nouvelles fonctionnalités à venir dans les prochains mois.
Pour Cook, Siri est une des fonctionnalités les plus populaires de l’iPhone 4S. Il précise toutefois que l’assistant vocal est toujours à l’état de bêta, “Apple est encore bien loin d’en avoir terminé le développement” et que “Apple a quelques idées cool sur ce que Siri devrait être capable de faire”. De nouvelles fonctionnalités liées à l’assistant vocal qui seraient déjà sur le point de débarquer d’ici quelques mois, assure-t-il tout en ajouter que Siri ne faisait pas son éloge en soi grâce à la technologie de reconnaissance vocal mais plutôt grâce à l’interprétation du langage naturel… ainsi que « la personnalité » de Siri. Et de conclure à ce sujet que Siri à un potentiel incroyable et que les investissements à ce sujet (en recherche et développement) se verront doubler.
Facebook : un partenariat sur le point d’aboutir.
La relation entre Facebook et Apple n’a pas toujours été au beau fixe. On se rappelle qu’Apple avait souhaité intégrer Facebook dans son réseau social Ping mais que les coûts avaient été jugés trop onéreux par Steve Jobs, à l’époque. Du coup, Ping n’a jamais vraiment décollé. Pourtant cet épisode n’aurait pas entaché la relation entre les deux entreprises. Cook qualifie d’ailleurs qualifié de “très solide” la relation entre les deux entreprises, “Ils ont leur façon de penser” et de révéler qu’un partenariat serait sur le point d’aboutir (intégration dans iOS 6?).
Pour en revenir à Ping, le projet que l’on peut qualifier de “mort-né” est suspendu et pourrait même être supprimé : “Nous avons essayé Ping et je pense que l’utilisateur a voté en disant que ce n’était pas quelque chose dans lequel je vais mettre beaucoup d’énergie. Est-ce que nous allons “tuer” Ping ? Nous allons regarder”.
La guerre des brevets : Cook déplore les procès qui concernent des brevets basés sur des standards.
En guerre avec plusieurs fabricants de smartphones dont Samsung, avec lequel, l’entreprise n’a pas réussi à trouver un accord (lire : Samsung et Apple : la négociation à l’amiable a échoué), Cook explique que ces affaires le dérangent considérablement et estime, par ailleurs, que le système des brevets est cassé. “La majorité des entreprises qui nous poursuivent le font avec des brevets sur des standards essentiels”, explique t-il, : “Personne ne devrait pouvoir obtenir une injonction en se basant sur le brevet d’un standard”. D’ailleurs,précise-t-il, Apple n’a jamais porté plainte avec le brevet d’un standard que l’entreprise peut posséder. Toutefois, Cook indique qu’il espère que ces affaires vont pouvoir se régler et à la question de savoir si la guerre des brevets peut stopper l’innovation, celui-ci répond, “Cela ne va pas nous arrêter, mais c’est au-dessus de nous”. Enfin, il indique qu’il lui est important “qu’Apple ne devienne pas le développeur pour le reste du monde. (…) Nous ne voulons pas que les gens nous copient”.
Apple : une entreprise américaine avant tout.

À l’issue de son interview, Tim Cook a été interrogé sur le fait qu’Apple ne possède sa propre usine de production en Chine. “Nous avons décidé il y a une décennie qu’il y avait des choses que nous pouvons faire mieux que personne”, a expliqué le CEO. “Mais pour d’autres choses, nous avons décidé que nous ne devrions pas y mettre trop de forces. La production est une de ces choses. Nous avons regardé le problème et décidé que quelqu’un d’autre pouvait mieux le faire”.
Et de préciser qu’Apple a possédé, à l’époque, une usine aux États-Unis mais que tout est désormais fabriqué en-dehors du territoire américain. Toutefois, Cook a indiqué que les processeurs ARM de l’iPhone et de l’iPad étaient fabriqués à Austin au Texas, et que les verres Corning Glass provenaient du Kentucky.
À la question de savoir si une production complètement américaine est-elle envisageable ? “Je suis sûr que oui” ; mais les compétences manquent aux États-Unis. “Nous faisons faire ici le maximum de choses que nous pouvons, et vous pouvez être certain que vous utiliserons toute notre influence pour le faire”.
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