De Spotify à Mozilla Firefox en passant par Epic Games, tous rejettent publiquement les nouvelles règlementations de l’App Store en Europe.
Depuis l’annonce officielle de l’application de la DMA à l’App Store et donc, du sideloading autorisant le téléchargement d’apps provenant de boutiques externes, des voix se lèvent contre Apple et ses pratiques. En effet, alors que ces changements devaient être prolifiques aux développeurs, la Pomme est parvenue, dans un tour de passe-passe, à adapter ces nouvelles règles pour qu’elles lui soient profitables. Et ça, certains géants du numérique ont du mal à le digérer.
C’est notamment le cas de Daniel Ek, le CEO de Spotify. Dans un billet d’humeur publié sur son blog, le Suédois reproche à Apple “d’amener le niveau d’arrogance à un tout nouveau niveau”. Avant d’ajouter : “Sous le faux prétexte de conformité et de concessions, ils ont présenté un nouveau plan qui est une farce complète et totale. Essentiellement, l’ancienne taxe a été rendue inacceptable en vertu de la DMA, de sorte qu’ils en ont créé une nouvelle qui se déguise en conformité avec la loi.”
© AFP
Cette nouvelle taxe mentionnée par Ek s’applique à tous les développeurs qui souhaiteraient se passer de l’App Store. Si la fameuse taxe de 30% est réduite à 17%, Apple a introduit une nouvelle commission de 0,50€ par téléchargement et par an pour toutes les apps bénéficiant de plus d’un million d’installations. “C’est de l’extorsion pure et simple”, regrette Ek, ajoutant que “ce n’est que le début, parce qu’Apple change ses règles tout le temps. Il n’y a rien dans la loi interdisant à Apple d’augmenter ce 0,50€ à 1 ou 10 euros au fil du temps.”
Des dirigeants déçus du côté de Mozilla
Les patrons de Mozilla aussi ont du mal à digérer la chose. “Les propositions d’Apple ne donnent pas aux consommateurs de choix viables en rendant aussi difficile que possible pour les autres de créer des alternatives compétitives à Safari”, explique le porte-parole de Mozilla. “Nous sommes toujours en train d’examiner les détails techniques, mais nous sommes extrêmement déçus par le plan proposé par Apple pour restreindre le BrowserEngineKit nouvellement annoncé aux applications spécifiques à l’UE.”
Concrètement, Apple n’obligera plus les développeurs avec iOS 17.4 à utiliser WebKit, le moteur qui alimente Safari. Blink, le moteur utilisé par Google Chrome et Microsoft Edge, ou Gecko, celui de Firefox, seront désormais autorisés et fonctionnels sous iOS sans aucune des limitations qui viennent avec WebKit. Le problème, c’est que le déploiement des changements uniquement dans l’UE rendra plus difficile pour les navigateurs de jongler avec différentes versions, et que Firefox devra donc fonctionner en Europe avec Gecko et avec WebKit aux US, où les changements de la DMA ne s’appliquent pas.
De son côté, Tim Sweeney, le patron d’Epic Games (les papas de Fortnite, NDLR.), dénonce des “absurdités toxiques” sur X, où il s’est fendu d’un très long tweet attaquant violemment Apple. Alors que son entreprise compte exploiter la DMA pour réintroduire Fortnite sur iPhone en Europe, l’Américain explique “qu’Apple propose de choisir quels magasins sont autorisés à concurrencer son App Store. Ils pourraient par exemple empêcher Epic de lancer Epic Games Store et de distribuer Fortnite via celui-ci, ou bloquer Microsoft, Valve, Good Old Games ou de nouveaux entrants.”
Il explique enfin vouloir concurrencer l’App Store et le Play Store avec son Epic Games Store. Pour cela, des taxes réduites seraient mises en vigueur. “Nous sommes déterminés à nous lancer sur iOS et Android et à participer à la compétition pour devenir le magasin de logiciels multiplateforme n°1, sur la base d’une concurrence en matière de paiement, de frais de 0 à 12 % et de jeux exclusifs comme Fortnite.”
Plusieurs millions par an de taxe aux développeurs
D’autres part, des géants comme TikTok, Google ou Netflix ne se sont pas encore exprimés, mais leur réaction ne saurait se faire attendre tant les changements apportés par Apple pourraient leur coûter des millions de dollars, si pas plus. À titre d’exemple, une petite application téléchargée deux millions de fois devra payer 500.000€ à Apple par an. Pour les géants susmentionnés, la facture sera donc bien plus importante.
De son côté, l’Union européenne pourrait taper du poing sur la table si les propositions d’Apple ne sont pas suffisantes ou, pire, si elles sont anti-concurrentielles. Thierry Breton, commissaire européen au marché intérieur, explique ainsi, à Reuters, que “le DMA va ouvrir les portes d’internet à la concurrence, afin que les marchés numériques soient justes et ouverts. Le changement est déjà en cours. À partir du 7 mars, nous évaluerons les propositions des entreprises, avec les retours des concurrents. Si les solutions proposées ne sont pas bonnes, nous n’hésiterons pas à prendre des actions.”
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