Le piratage d'applications: mythes et réalités!

piratageiphone

Pour une fois, nous parlerons de piratage sur BiP !
Mais uniquement dans le but d’évaluer l’ampleur du phénomène.

On parle effectivement peu du piratage des applications mais lorsqu’on se penche sur certains chiffres, ils sont, à priori, catastrophiques: un taux de piratage de 90%, 450 millions de dollars de manque à gagner, etc.. Bref, c’est à se demander comment un pillage aussi bien organisé est possible !

Grâce à ces chiffres (scandaleusement élevés) on tend à croire que ce sont les développeurs qui sont les victimes de ce hold-up et qu’Apple ne fait pas grand-chose pour l’arrêter. A leur tour, les développeurs ne contrôlent pas grand chose sur l’App Store, et donc, si l’ensemble du système de protection est compromis, que peuvent-ils faire ?

Certains analystes disent pourtant que le problème du piratage est déjà mort.
Que ce serait moins grave que ce que l’on pense (ou que ce que l’on veut nous faire croire).
Qu’il n’y a peut-être même pas de problème du tout ! Je vous laisse seul juge…

Comment ça marche ?

Le coup d’envoi de votre carrière dans le vol d’application ne passera pas par BiP.
Si vous cherchez la recette ou des références…passez votre chemin

Car il est difficile de parler du piratage des applications à demi-mots ! La simple mention des méthodes permettant de cracker les applications ou de l’endroit où se trouve les sources, vous donnerais déjà envie d’aller voir, par simple curiosité, bien sûr
Et cinq minutes plus tard vous vous retrouvez à faire votre shopping ! Pas question

Et le jailbreak alors ?

Si le piratage fait partie du paysage du jailbreaking, ce dernier n’en reste pas moins comparable à de la customisation.

Vous ne trouverez donc pas de références vers les sites qui pourraient vous permettre de downloader des applications piratées.
Mais ce que l’on peut en retenir, c’est qu’au top de ces sites, certains organisaient les liens de téléchargement de façon conviviale et vous permettaient de faire votre shopping comme si vous étiez dans l’App Store.
Des liens vers les applications les plus récentes étaient disponibles, et vous pouviez installer les nouveaux jeux endéans la journée, 2 jours max.

Le plus populaire de ces sites, appelés Appulo.us, a disparu le mois dernier, laissant les pirates sans site web ou une source centralisée pour les applications. Bien sûr, d’autres sites ont repris le flambeau mais ils sont plus difficiles à trouver. Alors, oui, la piraterie est bien là, c’est clair. Mais est-ce grave?

Le problème

Afin de savoir à quel point le piratage est grave, tournons-nous vers les développeurs et commençons avec les applications que nous pensons être les moins vulnérables (il faut bien une référence): les applications de productivité. Le verdict ? Du pareil au même, c’est piraté !

“Environ 10% de nos utilisateurs ont une application piratée» d’après Guy Goldstein, directeur général de PageOnce, la compagnie à la base de l’application « Personal Assistant », une des meilleure vente du moment.
C’est assez étonnant, si on y pense. « Personal Assistant » est disponible en version gratuite (de plus avec quasi toutes les fonctionnalités) et aussi utile soit-elle, ce n’est pas la plus glamour des applications ni un jeu flashy. La version payante est disponible pour la somme de 7 $ (dans le haut du panier pour ce genre d’application) mais peu importe, à priori, cette appli ne devrait pas être la cible du piratage.
Et surprise, PageOnce ne joue pas les victimes !
“Même si je pense que le piratage est généralement mauvais et négatif pour les entreprises, pour nous, c’est pas un problème: notre modèle économique est basé sur l’achat de l’application, mais aussi sur la publicité. Les utilisateurs plus on a, mieux c’est ! ».

Bref, ils sont piratés mais ils s’en fichent.
Passons donc aux choses sérieuses et aux applications qui devraient logiquement être fortement touchées par le piratage.

TomTom, dont l’application démarre au-dessus de 50 $. C’est plutôt tabou le piratage, car voici leur réaction !!!

« TomTom prend le piratage très au sérieux. Selon notre politique d’entreprise, nous ne divulguons pas d’information sur nos efforts en cours visant à arrêter le vol de logiciels».

Passons donc aux concurrents direct, Navigon (90 $)

«Navigon est bien entendu conscient que son application est crackée. Comme avec tous les autres logiciels, ce n’est qu’une question de temps car il n’y a aucun mécanisme de sécurité disponible pour le moment. Néanmoins, certaines fonctionnalités ne sont disponibles que dans l’App store et cela aide un peu. Mais Navigon continue le combat contre le piratage (avec l’aide de son service juridique)».

Bref, ils sont moins stressés que Tom-Tom et donnent l’impression que, bien qu’ils ne tolèrent de toute évidence pas le piratage, ce n’est pas vraiment à l’ordre du jour

Ce qui nous laisse les développeurs de jeux.

Quelles applications sont plus tentantes que les jeux ? Ils sont beaux, ils sont extrêmement populaires, et ils sont souvent coûteux. Ce sont sûrement les EAS et Gamelofts de ce monde qui sont les plus durement touchés, non ?

Officiellement, tout le monde se tait !
Par-contre, off the record, un représentant de l’une des plus grandes sociétés de jeux (on a probablement joué à un de leurs jeux si on a un iPhone), disait « Ça arrive, mais je ne pense pas que ce soit un gros problème. Je n’ai pas de statistiques spécifiques, mais par rapport aux ventes totales, les chiffres de la piraterie sont «négligeables».

En fait, il est difficile de trouver des chiffres, mais une chose est certaine: Les taux de piratages annoncés de plus de 50% ne frappent pas les grandes sociétés de développement.
Et la majorité des sociétés n’en perdent pas le sommeil.
Alors, où sont tous les pirates?

Le facteur Jailbreak

Peter Farago, vice-président chez Flurry, spécialisé dans l’analyse d’iPhone (il a probablement repéré l’IPAD dans ses rapports quelques jours avant l’annonce officielle) traque à peu près une application sur cinq en vente sur l’App store. Et son logiciel va loin…très loin.
Bien qu’il ne puisse recueillir aucune donnée à caractère personnel, il peut dire si un appareil, équipé d’une application traquée, est jailbreaké ou non. En d’autres termes, la société Flurry peut chiffrer exactement le nombre d’appareils jailbreakés sur lesquels les applications monitorées sont installées.

Résultat :

“Moins de 10% des iPhone sont jailbreakés.”

Juste pour que cela soit clair, une entreprise qui, à un moment donné, a demandé de suivre cinq des dix applications les plus téléchargées sur l’App Store, enregistre un taux de jailbreak inférieur à 10%.
Moins d’un sur dix, et souvent moins encore.
Le chiffre tend à tomber à 5% après chaque upgrade de l’OS et remonte progressivement aux valeurs antérieures dès que la Dev Team ressort une nouvelle méthode de jailbreak.
Car ne l’oublions pas, si le jailbreak est préalable à la piraterie d’application, ce ne sont pas tous les iPhone jailbreakés qui ont une application piratée.
Si on enlève les gens qui utilisent le jailbreak pour faire du multitâche ou du tethering ou même pour voir ce qu’est le jailbreak, les 10% fondent comme neige au soleil.

Et ces chiffres sont le reflet de la réalité.

En 2007, avant l’App Store, jailbreaker était aussi simple que d’ouvrir un site dans Mobile Safari (je parle ici du jailbreak du baseband et de l’utilisation des failles).
Aujourd’hui, c’est un peu plus difficile, et selon l’ iPhone que vous avez, parfois impossible (voir les derniers 3GS).
Malgré tout, d’après Farrago, il existe un cycle permettant à nouveau le jailbreak (voir les dernières news sur BiP) et qui se passe à chaque mise à jour de l’OS.
C’est l’éternel recommencement.

Maintenant, il ne faut pas minimiser ces chiffres. Car même un infime pourcentage sur une base d’utilisateurs aussi large que celle de l’iPhone est suffisant pour faire du mal.
Il existe des cas (rares) où une application piratée est plus présente que la version achetée.
Mais les statistiques sont trompeuses.
Sans spéculer sur le pourcentage de pirates qui auraient peut-être acheté l’application, ils ne représentent qu’une infime partie de la population qui achète sur l’App store.
Bref, un si petit nombre de contrevenants ne peut normalement pas faire mal à un développeur sauf dans les rares cas où le promoteur doit payer d’importants coûts en continuant à fournir des données et des services une fois que l’application est installée. Même alors, Flurry constate que les applications piratées ne sont souvent utilisées qu’une poignée de fois.

Alors ?

Et bien, depuis qu’Apple fournit une partie des applications manquantes sur l’iPhone (et qui étaient disponibles uniquement via Cydia), que vous êtes confrontés aux mises à jour régulières et donc à l’éternel recommencement du jailbreak, qu’il subsiste toujours la crainte de rendre son téléphone définitivement inutilisable, ce n’est tout simplement plus attrayant.
Il faut vraiment vouloir pirater son iPhone de nos jours. Pas de faux fuyant, on ne le fait pas par erreur !

Pourquoi les développeurs restent-ils nonchalants ?

Au début, on trouve curieux que les développeurs restent vagues à ce sujet. Mais c’est logique !
Il suffit de parler à quelques-uns de l’ampleur du problème pour arriver à cette conclusion: un développeur d’application n’a rien à gagner en lavant son linge sale en public – Apple est clairement conscient de l’enjeu, et ce n’est pas comme si vous pouviez convaincre les pirates purs et durs de commencer à payer pour l’ensemble des dizaines d’applications qu’ils volent, parce qu’ils n’allaient de toute façon jamais les acheter en premier lieu.

Pour ces gens, les applications crackées sont littéralement des échantillons gratuits, et sont le plus souvent traitées comme tels.

Les développeurs ont tout de même quelque chose à perdre, que ce soit la confiance des investisseurs (beaucoup de sociétés sont largement financées par des investisseurs qui ne veulent pas entendre parler de problème de vol), la relation avec Apple (qui préfère que tout cela soit discuté en huis clos), ou la bonne volonté du public, qui n’éprouve, de toute façon, quasi-jamais de sympathie pour une entreprise.

Plus important encore, si les développeurs ont un problème avec le piratage – où comme le dit PageOnce, “s’ils se sont trouvés en bonne place sur l’un des sites proposant des applications piratées” – ils peuvent faire quelque chose.

Quand un soft est cracké, c’est-à-dire que son DRM a été supprimée et que l’application n’est plus qu’un fichier. IPA, il est prêt pour être installé sur un iPhone jailbreaké. Mais au milieu de l’année 2009, Apple a introduit un système par lequel les développeurs d’applications peuvent vendre des services ou des add-ons à partir de leurs applications.
Pas moyens de s’abonner à ces nouveautés sans montrer patte-blanche. Un coup de pouce pour la rentabilité de ces applications.

Puis, en Octobre, Apple a changé les règles: les achats d’applications ont été autorisés dans des applications gratuites. Ce qui signifie que vous installez une application gratuite, à l’essai, et que vous pouvez upgrader vers la version complète par le biais d’un achat en-dehors de l’App store.
Les applications les plus populaires consolident donc la version gratuite et payante rendant tout piratage impossible. Après tout, qui se soucie de downloader illégalement une application gratuite ?

Et Apple de rajouter «l’utilisation de ce type d’achat depuis l’application contribuera à lutter contre certains problèmes de piratage de logiciels».

Pour donner un exemple, Ngmoco est passé à ce type de vente suite aux impressionnants chiffres de téléchargements illégaux publiés l’année passée et concernant une toute nouvelle application. Aujourd’hui, c’est quasiment toute leur gamme de produits qui est basée sur le modèle de mise à niveau depuis l’application.
Mais même aujourd’hui, et malgré leur coup de gueule, Ngmoco insiste sur le fait que ce n’est pas le piratage qui les a poussés vers ce modèle de vente mais le taux élevé de téléchargements de l’application gratuite par-rapport à l’application payante.
L’élimination de la piraterie était un effet secondaire appréciable.

La morale de l’histoire pour les développeurs?
Si vous pensez avoir un problème avec le piratage, vous n’en n’avez probablement pas.
Si vous pensez encore que vous avez un problème avec le piratage, vous pouvez y mettre fin. C’est aussi simple que cela.

Les achats depuis les applications ont changés la façon dont les développeurs mettent sur le marché et vendent leurs applications, tout comme notre façon de les consommer. Le téléchargement d’une seule application, puis l’upgrade et l’achat est une procédure différente de celle qui permet le téléchargement d’un essai gratuit suivi d’une application complète, ou qui pourra tout simplement éliminer le risque de mettre une application complète sur le marché. Mais ce n’est pas tout !

Lorsque vous achetez une application pour votre iPhone, vous pouvez la synchroniser sur d’autres iPhone pour autant qu’ils soient liés au même compte iTunes. Le maximum de 5 périphériques étant suffisant pour partager l’application sur votre ancien et nouvel iPhone ou pour votre famille.
Cependant, les achats depuis l’application, ne fonctionnent pas de la même manière.

Voici ce que dit Apple à propos de la synchronisation des achats depuis les applications:

• Les produits consommables doivent être achetés à chaque fois que l’utilisateur en a besoin.
Par exemple, des services uniques sont considérés comme des produits consommables.

• Les produits non consommables sont achetés une seule fois par un utilisateur particulier. Une fois qu’un produit est acheté, il pourra être associé à tous les périphériques associés à ce compte iTunes.

• Les abonnements combinent les caractéristiques des produits consommables et non consommables. Comme un produit consommable, un abonnement pourra être acheté à plusieurs reprises, ce qui vous permet d’implémenter votre propre mécanisme de renouvellement d’abonnement de votre application. Toutefois, les abonnements doivent être fournis sur tous les périphériques associés à un utilisateur.
Les abonnements doivent être livrés par le biais d’un serveur externe que vous fournissez. Vous devez fournir l’infrastructure nécessaire pour offrir des abonnements à des dispositifs multiples.

Le problème, c’est que cela ne se passe pas de cette manière.
Les applications sont vendues et bloquées sur base de l’identifiant de l’appareil et pas sur base du compte iTunes. L’achat n’est valable que pour votre téléphone seulement, et pas pour tous les appareils que vous auriez pu enregistrer (iPhone et iPod Touch), sur votre compte iTunes. Ce n’est peut-être pas grand-chose maintenant, mais lorsque l’IPAD sera là, cela pourrait devenir un problème.

Les Pirates du futur !

Le piratage des applications n’est pas un facteur déterminant dans l’économie de l’App Store, mais il serait erroné de le qualifier d’inexistant.
Il existe, et pour un vendeur qui veut gagner de l’argent, une application téléchargée illégalement est une application de trop.

Pourtant, le futur est prometteur:

• Le piratage des applications pour iPhone est faible et rien n’indique qu’il augmentera de manière significative
• Le dernier iPhone 3Gs s’est avérée très difficile à jailbreaker, et Apple semble être en mesure de contrecarrer plus habilement les efforts des teams lors des changements de baseband/OS
• L’achat depuis l’application va prendre le pas et aidera à éliminer efficacement le piratage

Bref, le piratage c’est déjà une activité de has-been

En attendant, et pendant que Apple s’acharne à supprimer complètement le piratage, les derniers mois furent porteurs d’espoir pour les développeurs.
Les utilisateurs, eux, devront payer le prix plein.

On pourra rajouter en guise de conclusion que si Apple veut rester le seul fournisseur d’applications, il faudra qu’il se tienne à un niveau élevé de transparence et de cohérence (on en est loin). Et ce n’est pas leur décision de purger les applications, soi-disant, offensantes qui va nous aider à les comprendre.

On en discute sur le forum.

[ Gizmodo ]

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