Charlie Hebdo: le double discours d’Apple

Apple revendique sa solidarité avec le mouvement “Je suis Charlie”, alors que Charlie Hebdo avait lui-même préféré renoncer à lancer son application iPad en 2010, du fait de la censure imposée par le géant de l’informatique.

File photo illustration of a man posing with Apple iPhone 4 smartphone in Zenica
© AFP

La semaine dernière, un jour après l’attentat perpétré à la rédaction de Charlie Hebdo, Apple a tenu à rendre hommage à l’hebdomadaire français sur son site. Depuis le jeudi 8 janvier, le géant de l’informatique affiche en effet une bannière discrète «Je suis Charlie» en bas de la page d’accueil de son site réservé au marché français. Mieux encore, le patron d’Apple, Tim Cook, a tweeté ce dimanche 11 janvier qu’il marchait, dans son esprit, avec ses amis en France à l’occasion de la manifestation contre le terrorisme et pour la liberté d’expression. Mais suite à ce soutien, de nombreux commentaires dénonçant la position d’Apple sont vite apparus.

Comme le signale un article publié sur le site Hteumeuleu, les rapports entre Apple et les éditeurs d’applications sont pour le moins ambigus dans la mesure où la firme Californienne n’hésite pas à bloquer l’arrivée d’applications, sur sa boutique en ligne, dont les contenus lui semblent indésirables. Le site Slate.fr rappelle d’ailleurs la situation vécue par la rédaction de Charlie Hebdo qui souhaitait en 2010 rendre disponible son journal à travers une application iPad. Le rédacteur en chef, Charb, avait finalement renoncé à ce projet suite à la politique d’Apple en matière de censure. “Une entreprise est venue nous démarcher pour développer notre application”, racontait Charb en 2010 au site Bakchich. “Mais à la fin, le type nous a expliqué qu’on n’aurait pas le final cut sur la publication sur iPad. On les a donc envoyés bouler.”

Une affaire qui rappelle également la mésaventure vécue par le caricaturiste américain Mark Fior. Ce dernier, pourtant auréolé d’un prix Pulitzer, s’était vu rejeter une application par Apple sous prétexte que ses dessins étaient contraires au règlement de la marque.

Pour rappel, les applications candidates à figurer sur l’Apple Store ne doivent contenir “aucun contenu ou élément obscène, pornographique, offensant ou diffamatoire (que ce soit du texte, des graphiques, des images, des photographies, etc.) ou tout autre contenu ou élément qui, dans le jugement raisonnable d’Apple, peut être considéré comme indésirable pour les utilisateurs d’iPhone ou d’iPod Touch”.

Au final, la firme de Cupertino a décidé de faire marche arrière et autoriser l’arrivée de l’application du caricaturiste  sur l’App Store. Ce dernier a toutefois estimé que, sans son prix Pulitzer, son application n’aurait jamais été validée par Apple.

La politique d’Apple en matière de censure a également été vécue l’an dernier par notre rédaction: Apple a refusé de valider notre nouvelle application iOS à plusieurs reprises sous prétexte que des articles traitant de l’actualité de la concurrence (Android, Microsoft, etc)  y figuraient. Pour que notre application puisse atterrir sur l’App Store, nous avons dû retirer ou plutôt rendre privé la plupart de ces contenus “litigieux”… avant de les rendre à nouveau publiques une fois l’application validée!  Ces pratiques s’apparentent véritablement à de la censure. Il n’y a pas d’autres mots.

En interdisant certains types de contenus sur sa plateforme, Apple préfère visiblement ne pas s’attirer les foudres de quelques consommateurs à la sensibilité sur-développée, quitte à se faire accuser d’être une atteinte à la liberté d’expression.

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