Le site Bloomberg vient de publier un long rapport très détaillé sur les relations entre Apple et ses chaînes de production. Le rapport explique notamment les difficultés pour les multinationales de s’assurer du bon traitement des ouvriers dans les chaînes de production.
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Quand un sous-traitant d’Apple comme Flextronics gagne un nouveau contrat, il lui est nécessaire de trouver de nouveaux travailleurs. Beaucoup. Ces travailleurs sont en fait recrutés à travers un réseau d’intermédiaires et d’agences d’intérim qui sont obligés d’adhérer aux règles d’Apple. Malheureusement la demande est tellement forte et soudaine que de nombreux ouvriers doivent être amenés de pays limitrophes comme la Malaysie et le Népal via des agents particuliers.
“Alok Taparia, directeur de Transworld Manpower, l’une des 4 agences d’intérim retenues pour ce contrat, explique qu’il a reçu des consignes claires : les ouvriers ne devraient pas être taxés et Flextronics paierait les agences elles-même. Cependant, Taparia explique que Flextronics a demandé tellement de main d’oeuvre et dans un délai tellement court qu’il n’y avait pas d’autres solutions que d’utiliser le réseau d’agents particuliers du pays, allant chercher des ouvriers jusque dans les villages seulement accessibles à pied. Et comme Apple l’a précisé dans ses rapports, les agents particuliers font toujours payer…”
Si l’obligation de passer par des agences d’intérim est une condition sine qua non d’Apple, c’est qu’il y a une bonne raison : La chaîne de production demandeuse de main d’oeuvre paie directement un pourcentage à l’agence pour permettre aux travailleurs de trouver un emploi. Par contre, les agents particuliers font payer les travailleurs afin de leur trouver le même emploi…
Les ouvriers recrutés par ce moyen finissent souvent par devoir de l’argent à plusieurs agents pour leur avoir trouvé ce job. Sans argent pour ce faire, ils prennent donc des emprunts et doivent donner leurs passeports en gage de sécurité. Avec le temps, les efforts d’Apple pour combattre cette pratique deviennent de moins en moins efficace selon 9to5Mac.
“Apple a essayé en 2009 d’interdire d’employer des ouvriers qui avaient dû payer plus d’un mois de salaire pour trouver leur emploi. Cupertino a demandé à ses sous-traitants de rembourser les employés qui avaient été taxés au-delà de cette limite.”
Un exemple parmi d’autres
L’exemple d’un ouvrier a été retenu par Bloomberg afin d’illustrer le problème : Bibek Dhong, 27 ans, a commencé à travailler pour Flextronics en testant les appareils photos d’iPhone. Il devait déjà plus de 1000$ à différents agents particuliers. Quand le sous-traitant eu des problèmes de contrôle de qualité et fût obligé de couper la production, Dhong et ses collègues furent renvoyés. Endettés, sans emploi et avec leurs passeports retenus par les agents particuliers.
“Les ouvriers commencèrent à manquer d’argent avant de manquer de nourriture. Certains avaient un repas par jour à crédit via un restaurant mais ce dernier refusa de les servir encore en découvrant qu’ils allaient perdre leurs emplois.”
Alors qu’il n’avait déjà plus de quoi manger, Dhong devait encore des intérêts à propos d’un job qu’il n’avait même plus. ” La seule issue possible pour eux était d’emprunter encore plus d’argent et de payer pour un autre job à l’étranger. Beaucoup d’autres anciens de Flextronics ont fait la même chose.”
Apple a déclaré poursuivre ses efforts afin d’empêcher de tels abus a d’ailleurs aidé les anciens employés renvoyés à percevoir près de 16,8 millions de dollars de dédommagement depuis 2008.
On en parle sur le forum.
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