L’obsolescence programmée reste au cœur de nombreux débats dans le petit monde des nouvelles technologies. Lors de la WWDC, Apple a ainsi confirmé que l’iPhone 5 ne pourra plus être mis à jour. Obsolescence programmée ou décision rationnelle?

En moyenne, Apple garantit un suivi des mises à jour et des réparations pour tous ses produits pour une période de cinq ans. Un suivi extraordinaire qui justifierait presqu’à lui seul l’achat d’un iPhone. Car si le smartphone d’Apple est généralement vendu beaucoup plus cher que les smartphones des marques concurrentes, Apple garantit aux acheteurs un suivi irréprochable des mises à jour. Ce qui n’est pas forcément le cas sous Android… De nombreux smartphones Android ne reçoivent en effet qu’une seule mise à jour majeure après leur commercialisation, contre 4 à 5 mises à jour majeures pour les appareils sous iOS. Cet argument de vente soulève toutefois quelques questions. Car en dépensant plus de 700€ pour un smartphone, le consommateur est en droit d’attendre un service exceptionnel, et un service après-vente irréprochable. Beaucoup d’acheteurs se plaignent toutefois de voir les performances de leur appareil diminuer au gré des mises à jour, et de ne plus pouvoir télécharger de mises à jour au bout d’un certain temps. Peut-on dès lors parler d’obsolescence programmée?
Dans le cas présent, il s’agit très clairement d’un problème de compatibilité entre iOS 11 et les appareils plus anciens. La programmation des nouvelles applications compatibles avec iOS 11 se fera en effet en 64 bits. Etant donné que l’iPhone 5 n’est pas compatible avec les programmes 64 bits, il ne recevra pas la mise à jour logicielle. Le système d’exploitation d’Apple continuera toutefois de fonctionner parfaitement sur les vieux appareils. La seule différence, c’est que les propriétaires d’iPhone 5 ne pourront plus bénéficier des nouvelles fonctionnalités introduites par iOS 11, ce qui n’est en soi pas franchement une catastrophe. Ce qui est un peu plus gênant, c’est que certaines applications qui seront mises à jour ne seront dès lors plus compatibles avec l’iPhone 5, et que les nouvelles applications qui sortiront sur le Store ne pourront plus non plus être téléchargées sur l’appareil. En d’autres termes, la parc d’applications compatibles ne fera que diminuer avec le temps. L’utilisateur pourra toutefois continuer à surfer, envoyer des SMS, passer des appels et utiliser toutes les applications de base de son smartphone. Toutefois, étant donné que ce sont les applications qui font la réputation d’un OS, de nombreux utilisateurs seront tentés d’abandonner progressivement leur ancien appareil. Lorsque Messenger, Twitter, Instagram, Snapchat ou Tinder commenceront à manquer à l’appel, les utilisateurs se rueront en masse en magasin pour mettre la main sur un modèle plus récent.
Vous l’aurez compris, si l’absence de mise à jour pour l’iPhone 5 risque d’avoir des effets indésirables sur le long terme, le consommateur reste libre de changer ou non d’appareil – en fonction principalement de ses affinités avec les services qu’il utilise sur une base régulière. Difficile dans ce cas de parler d’obsolescence programmée, dans la mesure où, aujourd’hui, la vaste majorité des consommateurs sont désireux de changer régulièrement d’appareil et où l’arrêt du support de l’iPhone 5 sera bénéfique au système d’exploitation et donc aux propriétaires des modèles plus récents. Car beaucoup semblent l’oublier, garantir un support de plusieurs années force Apple à limiter le déploiement de nouvelles fonctionnalités. Stopper les mises à jour sur les modèles plus anciens permet aux concepteurs de logiciel d’avancer et de proposer des nouveautés innovantes – celles précisément que les acheteurs des dernières versions du produit espèrent obtenir en achetant un smartphone à plus de 700€… Un cercle vicieux, que les nombreuses associations de consommateurs dénoncent ouvertement, mais qui n’est finalement que le fruit d’une décision purement rationnelle.
Car n’en déplaise à certains, l’obsolescence programmée induite par l’arrêt d’un support logiciel n’existe pas. Les propriétaires de Windows Phone sont sans doute les mieux placés pour en parler. Véritable régal à utiliser sur mobile, Windows a toujours souffert du manque de soutien de la communauté de développeurs. Pour de nombreux acheteurs, il était impossible d’éviter la frustration dès l’achat du smartphone. Avec ou sans mise à jour, la maigreur du parc applicatif justifiait presqu’à elle seule de se précipiter en magasin pour acheter un iPhone ou un smartphone Android. Cela n’a toutefois pas empêché les propriétaires de smartphone Windows de continuer à les utiliser pendant des années… Vous l’aurez compris : le concept d’obsolescence programmée induite par un arrêt du suivi logiciel est un sujet difficile à épingler dans la mesure où de nombreux paramètres entrent en ligne de compte. En définitive, le réel problème ne vient pas forcément du suivi garanti de cinq années – une période tout à fait raisonnable – mais bien du fait qu’il soit possible de se procurer en magasin des appareils vieux de deux ou trois ans. Car au moment de sortir le portefeuille, le consommateur prend trop rarement en compte la garantie de support logiciel et se retrouve parfois à son insu pris au piège.
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