Apple abandonnera officiellement sa régie publicitaire iAd le 30 juin. La stratégie d’Apple éclaire une compétition sans merci face à Google.
© DR
La semaine dernière n’a pas été de tout repos pour iAd, la plateforme publicitaire initiée par Steve Jobs en 2010.
Le lundi, Apple admet le bug portant sur les statistiques de fréquentation de sa plateforme. Pourtant, Eddy Cue, vice-président senior des services et logiciels internet, se montrait positif en déclarant que les chiffres d’iAd étaient supérieurs aux statistiques tronquées de la plateforme.
Jeudi, Apple déclare réfléchir à muter sa plateforme publicitaire en une régie automatisée et licencie quelques employés tout en leur offrant une prime de départ gonflée d’actions de l’entreprise.
Vendredi, Apple abandonne officiellement iAd largement intégrée à son application News. La régie s’arrêtera au 30 juin 2016.
Comment Apple va-t-elle digérer cet échec ?
Pendant 5 ans, Apple s’est lancé dans un combat fort inégal face à Google, le géant de la publicité en ligne. Pourtant, avec la sortie de l’application News, la position concurrentielle d’Apple semblait se conforter dans le paysage des régies en ligne grâce au ralliement très rapide de grands médias américains qui y ont vu une véritable porte de sortie face aux chutes des ventes de leurs offres papier,
Il semble donc qu’à suivre les mêmes traces que les autres, Apple s’est fourvoyée et s’est d’elle-même mise hors course. La position forte d’Apple est l’innovation et l’a prouvé jusqu’à maintenant. Si tel est le cas, Apple prépare quelque chose.
Le challenge du hardware
Apple s’est installée dans le rôle d’un fabricant de hardware aux revenus colossaux. Pendant ce temps Google a très peu développé la piste du hardware face aux revenus tirés du logiciel et de la publicité. Si l’on compare, les revenus tirés des iPad et iPhone dépassent les 130 milliards en 2014 face au 11,8 milliards engrangés par le moteur de recherche de Google dont 9 milliards proviennent d’iOS (Chiffres de Goldman Sachs cités par le New York Times). En gros, iOS génère 40 fois plus de revenus pour Apple qu’Android n’en offre à Google.
Crédits: D.R.
L’échec d’Apple n’est peut-être pas une victoire pour Google.
Avec Android, Google fort de son moteur de recherche avait donné la prédilection aux applications web (qui fonctionnent par l’intermédiaire d’un navigateur). Quand Apple a sorti sa stratégie iOS dotée de l’App Store, la donne a radicalement changé. Google a changé sa politique en développant Google Play. L’idée d’Apple de monétiser le contenu de son catalogue d’applications était la bonne et tous les autres éditeurs tels que Microsoft, Sony, Steam, Amazon ou Adobe se sont mis à mettre des boutiques en ligne pour capter directement la manne financière de leurs utilisateurs sans la concéder à d’autres intervenants.
Contourner plutôt qu’affronter.
Dans le secteur de la recherche sur Internet, Apple a investi dans Siri et Plans, aidé de Microsoft, Wolfram, DuckDuckGo et d’autres fournisseurs de données. Etonnant ? Non, pas du tout car toute recherche qui ne passe pas par Google prive le géant de revenus collatéraux générés par la publicité sur son moteur de recherche.
Sans les revenus d’iAd, l’application News serait-elle un simple service d’Apple ? Non plus, car avec News, Apple permet aux médias de gagner de l’argent par eux-mêmes au travers de l’application tout en privant Google de revenus.
Si on pose le même raisonnement avec Apple Music, et Apple TV, on constate que Google est simplement court-circuité et surtout que les applications prennent de la valeur pour leurs créateur parce qu’elles permettent aux médias, régies, cinéastes, musiciens, … d’obtenir des revenus en ligne directe, sans passer par une régie tierce comme Google.
© DR
Dans une réflexion portant sur les développeurs, Steve Jobs disait « Ils ont besoin de trouver une solution pour gagner de l’argent. Beaucoup se tournent vers la publicité et nous pensons que ces publicités sont réellement pénibles ».
Les données démographiques montrent que l’OS Andoid capte des personnes ne souhaitant pas payer du haut de gamme pour le hardware, les apps, les médias ou quoique ce soit d’autre. Les annonceurs préfèrent logiquement se tourner vers iOS pour lequel une gentrification de son public a lieu depuis longtemps. Mais les annonceurs boudaient iAd qui protégeait trop la vie privée des utilisateurs.
Avec la fin d’iAd, les annonceurs pourraient se montrer plus intéressés et rapidement se positionner sur un marché plus enclin à générer du bénéfice, d’autant que l’été dernier Apple à introduit le Webkit Content Blockers, une extension aux applications pour permettre aux développeurs de créer des filtres pour le contenu web, dont les publicités et le suivi des utilisateurs.
On assiste à un renforcement de la stratégie d’Apple sur le secteur des applications car en offrant une vraie plus-value aux développeurs et aux annonceurs, l’entreprise californienne pourrait capter une large part des déçus de la publicité en ligne tout en fragilisant le business-model de Google.
D’un autre côté, si l’idée d’équilibrer son budget passe par la publicité on se rend bien compte que l’utilisateur apprécie peu l’invasion de son écran par des annonces en tout genre et tente de s’en débarrasser par des bloqueurs de pubs. Des études présentent les utilisateurs d’iOS comme plus nantis, éduqués et enclins à dépenser plus pour des applications, objets ou biens.
Une belle équation se profile à l’horizon : si l’App Store continue à démontrer que les applications peuvent générer plus de revenus, il est probable que les annonceurs et les développeurs se détournent du web pour miser sur ce nouvel Eldorado en passant par la case Apple.
La stratégie d’Apple amènera t’elle une réduction de la publicité en ligne par son transfert au sein des applications iOS ? Peut-être. Quoi qu’il en soit, Apple livre une bataille face au géant Google sur un terrain où la domination technologique et financière du futur se construit : cartographie, publicité, hardware, software, OS, voiture, … .
Source
Philippe Schreurs (St.)
_
Suivez Belgium-iphone sur Facebook, Youtube et Instagram pour ne rien rater de l'actu, des tests et bons plans.
Recevez nos dernières infos directement sur votre WhatsApp en vous abonnant à notre chaine.